J’attends le bus
Le printemps dans l’avenue
Qui en douterait

Ishada Hakyô, Le poème court japonais d’aujourd’hui, p. 24


Devant les cerisiers en fleur
On ne peut douter
des lendemains

Madoka Mayuzumi, Haïkus du temps présent, p. 11

 

Pour un projet d’oeuvre d’art publique (SRB Pie IX), j’ai proposé Un printemps à l’année, une œuvre légère qui insuffle la vie et le beau temps, qui est dynamique par sa lumière, son éclat et son éloquence. Il s’agissait d’un trajet photographique qui vise à émouvoir et piquer la curiosité du spectateur avec ses ambiances colorées et une forte signature visuelle.

Conception de la proposition
En tant que client de la STM, je me suis demandé quel genre d’œuvre d’art j’aimerais voir lorsque je descends d’un autobus. J’ai donc pensé à une réalisation artistique qui se distinguerait des images publicitaires, de la signalétique de la ville ou de la photographie documentaire hyperréaliste. Mon objectif est de rentrer en contact avec le spectateur avec un visuel accrocheur. Méconnue du grand public, la peinture photographique m’a paru un bon point de départ comme mode d’expression pour raffiner ma proposition.

Plus de la moitié de l’année, Montréal est une ville nordique qui est habitée par le froid. Quand le printemps surgit, la métropole se réveille et la végétation est florissante. Avec ma machine à image, j’ai immortalisé le passage de la lumière dans les cerisiers en fleurs. Mon défi photographique est de créer un dépaysement de la nature en faisant surgir la beauté des flous et des dégradés.

Dans cette perspective, je propose une œuvre poétique dont on ne se lasse pas de regarder car j’offre une expérience au-delà de la représentation du réel. Pour y arriver, j’ai fabriqué des objectifs photographiques en (dé)construisant et transformant des formules optiques afin de sculpter la lumière. Mes images sont marquées par des aberrations, des déformations et des distorsions, ce qui rend la réalité insaisissable au premier coup d’oeil.

Considérant que mon œuvre est vue par des voyageurs qui sont en déplacement (dans un entre-deux), je suggère de la regarder à travers l’écoulement du temps :  un trajet avec différents rythmes, ses méandres, ses départs et ses retours. Ce concept cadre parfaitement avec le projet SRB Pie IX puisque je valorise le mouvement : le mouvement dans mon œuvre et celui du spectateur.

Cheminant progressivement de la figuration à l’abstraction, le voyageur parcourt une narration photographique qui fascine son imaginaire et apaise ses pensées quotidiennes.

*Malheureusement, ce projet ne fut pas retenu pour le concours!